Joël Dicker
Le livre des Baltimore

Avec des personnages entiers et complexes, Joël Dicker nous livre un roman d’une violente tendresse.

Marcus Goldman, l’écrivain à succès, est un Goldman-de-Montclair. Toute son enfance, toute sa jeunesse, il a admiré les Goldman-de-Baltimore dont la réussite sociale resplendissait à chaque réunion de famille. Il les a enviés, aimés, admirés, jalousés. Pourtant la perfection et la réussite ont toujours leurs failles, leurs fissures… Un jour, survient le Drame.

Huit ans plus tard, Marcus rejoint la Floride pour rédiger son troisième roman. Au fil des jours et des événements, l’auteur explore ses souvenirs, revit le passé. Il se lance alors dans l’écriture du livre promis : le livre des Baltimore.

« Ecrire un livre, c’est comme ouvrir une colonie de vacances. Votre vie, d’ordinaire solitaire et tranquille, est soudain chahutée par une multitude de personnages qui arrivent un jour sans crier gare et viennent chambouler votre existence. »

Si l’on retrouve la patte Joël Dicker, ce roman diffère de La Vérité sur l’affaire Harry Québert en bien des points. Nous ne sommes non pas en présence d’un thriller au suspens intenable, mais plutôt d’une saga familiale juste et touchante.

Les personnages sont uniques, taillés sur mesure. Tout au long de ma lecture, j’ai eu la douce impression qu’ils étaient bel et bien réels et que je les observais de loin. Ils étaient là avant que j’ouvre le livre et continueraient d’exister une fois la dernière page tournée. On s’attache facilement et complètement à cette famille américaine. Ceci est sûrement dû à la complexité des personnalités construites par l’auteur. Les lire nous donne réellement l’impression de faire face à des être en chair et en os. Il y a une vraie force psychologique dans le récit que nous livre l’écrivain genevois.

Parlons du récit justement. Nous sommes en présence de flashbacks plus ou moins lointains. Marcus nous parle des Baltimore certes, mais aussi des Baltimore après le Drame… ou du moins de ce qu’il en reste. Cette manière de fonctionner peut paraître au premier abord quelque peu barbante, mais que nenni. J’ai trouvé que cette stratégie de récit ne faisait qu’augmenter le suspens et donner l’impression d’être face à un compte à rebours dont ne connais pas encore les conséquences. Il y avait de quoi devenir dingue. Il y a donc beaucoup de rythme et de suspens dans Le livre des Baltimore, mais pas que. Il y aussi beaucoup d’intelligence : Dicker sème les graines du Drame sans qu’on ne le remarque et pourtant, tout est sous nos yeux. C’est fin, c’est fourbe, c’est même presque fou… du génie !

La partie « présent » m’a moins conquise. Même si elle m’a plus de manière générale, je l’ai trouvée trop prévisible… Après tout elle n’existe que pour servir de toile de fond à l’histoire des Baltimore. Et c’est peut-être cette partie-là qui a empêché un coup de cœur ultime et maximal.

La plume de Dicker est poétique de par sa simplicité, douce comme une caresse et pourtant diablement efficace. Les grandes tournures de quatre lignes n’existent pas ici et tant mieux. En effet, je pense que dans ce genre de romans, cela ne fait que tuer le suspens.

Pour conclure, je peux affirmer que j’ai adoré ce livre. Je l’ai même sûrement préféré à La Vérité sur l’Affaire Harry Québert. Je vous encourage vivement à découvrir Joël Dicker si vous ne l’avez pas encore fait ! Et face à ce genre de talents, vous pouvez en être sûrs : la littérature suisse n’a rien à envier à sa cousine de France.

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