Si vous n’avez toujours pas lu de Marc Voltenauer, je ne sais pas ce que vous attendez pour vous lancer. Vous vous imaginez peut-être qu’avec trois romans mettant en scène un inspecteur des Alpes suisses vous aurez vite fait le tour de la question… eh bien détrompez-vous ! C’est là l’immense force de ce troisième livre, l’auteur a encore su se réinventer !
Nous retrouvons l’inspecteur Andreas Auer quelques années après la fin de Qui a tué Heidi ? Depuis que nous l’avons laissé, sa vie personnelle a été totalement bouleversée. A tel point qu’Andreas finit par se demander qui il est vraiment. Pour trouver la réponse à ses questions existentielles, il décide d’entreprendre un voyage sur la terre de ses origines, Gotland. Fouiller dans le passé n’est pas sans danger et l’inspecteur Auer le découvrira bien assez tôt… Il ne lui rerste plus qu’à découvrir quels liens existes entre une mystérieuse secte viking, son passé et de nouveau meurtres sordides sur l’île. Ce séjour en Suède ne sera donc pas de tout repos !

Ne laissons pas planer le suspens plus longtemps, j’ai adoré ! D’un côté, j’étais certaine que ce serait le cas, et d’un autre j’avais très peur que ça ne le soit pas… Je m’explique : j’ai adoré les deux premiers roman de l’auteur et, en reprenant les mêmes personnages, il me semblait difficile de se réinventer encore. Difficile n’est apparemment pas Marc Voltenauer qui a réussi l’exercice du troisième polar avec brio.
L’intrigue est extrêmement prenante et ce dès les premiers chapitres. L’auteur instaure un climat de tension qui nous suivra tout au long du récit. De par sa construction, le récit nous livre différentes pièces du puzzle une à une sans nous éclairer totalement. On évolue alors dans une sorte de brouillard qui parfois s’écarte pour nous laisser entrevoir un infime bout de réponse. Au final, vous comprenez que vous n’avez rien compris, que c’est bien plus complexe que ce vous aviez imaginé et c’est très fort ! Un jour peut-être, je réussirai à résoudre le crime avant le chapitre de LA révélation… On peut toujours rêver, n’est-ce pas ?
Les personnages sont imaginés et travaillés avec tellement de minutie qu’ils en deviennent imprévisibles, impossibles à cerner. Ils sont vivants, en relief. Ils étaient là bien avant que l’auteur les écrivent et ils demeurent là une fois votre lecture achevée. A chaque page, à chaque ligne, ils évoluent, en bien, en mal, en mieux… Le rythme est toujours effréné et ne vous laisse pas le temps de souffler. Et c’est tant mieux car vous n’avez aucune envie de souffler. Vous voulez juste savoir, comprendre.

Au niveau de la construction du récit, on retrouve certains aspects présents depuis Le Dragon du Muveran : les retours dans le passé, les points de vue multiples, etc. La plume est toujours aussi efficace mais s’aiguise peu à peu. Il s’agit là encore d’un élément qui sert le rythme soutenu du récit et son effet page turner
Pour conclure, je ne peux que vous recommander de vous ruer sur l’Aigle de sang qui complète à merveille ma collection de très bon polars. On ne le répétera jamais assez mais les auteurs suisses regorgent de talent. Malheureusement, ils manquent souvent de visibilité ou souffrent du cliché « si c’est suisse c’est de l’amateurisme ». Marc Voltenauer nous prouve encore une fois le contraire en nous livrant un récit palpitant et bourré de rebondissement qui impressionnerait les plus grands noms du polar nordique ; j’en suis certaine. N’hésitez plus, lancez-vous !